[Lire] – Jacaranda de Gael Faye

18 Nov 2024 | Coups de coeur

Quand l’histoire collective se grave dans les vies individuelles.

Dans son dernier roman, Jacaranda, Gaël Faye poursuit son exploration des blessures intimes et collectives laissées par l’Histoire. Avec une écriture poétique et une précision presque chirurgicale, il met en lumière une vérité fondamentale : les drames collectifs ne cessent jamais de résonner, même pour ceux qui n’en furent pas les témoins directs.

Le jacaranda, cet arbre aux fleurs violettes, devient un symbole de mémoire, enraciné dans le sol d’un pays marqué par le génocide rwandais. À travers le récit, Gaël Faye révèle les chemins complexes de la transmission : comment une tragédie collective s’infiltre dans les existences personnelles, façonnant des trajectoires et des identités parfois à leur insu. Ce phénomène d’héritage mémoriel met en lumière un paradoxe poignant : on peut porter en soi une histoire sans l’avoir vécue.

Au cœur de Jacaranda se trouve une interrogation centrale : comment dire ce qui nous dépasse ? Gaël Faye répond par la littérature, comme un cri contre l’oubli, une tentative de recomposer des morceaux épars d’histoires enfouies. Dire ou écrire son histoire devient une nécessité vitale, tant pour restaurer une part de soi que pour transmettre à d’autres une vérité trop souvent tue.

Pour ceux qui, comme moi, accompagnent des récits de vie à travers la biographie, ce roman offre un puissant écho. Il rappelle que la démarche biographique est un acte de résistance. Résister à l’effacement. Résister au silence. Chaque récit individuel contribue à enrichir la trame d’une mémoire collective et à illuminer, à travers les mots, des pans d’humanité.

Jacaranda nous invite à contempler ces histoires qui se croisent et s’entrelacent, à reconnaître que chaque voix compte dans la grande fresque du souvenir.