[Lire] – L’intranquille de Gérard Garouste avec Judith Perrignon

5 Avr 2024 | Coups de coeur

4ème de couverture :

« Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m’a fallu démonter cette duperie que fut mon éducation. À vingt-huit ans, j’ai connu une première crise de délire, puis d’autres.
L’enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions.
Aujourd’hui, j’ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre.
Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris ».

« Gérard Garouste est un peintre internationalement reconnu. En 1991, il crée La Source, une association à vocation sociale et éducative par l’expression artistique, à des destination des enfants et des jeunes en difficultés, ainsi que leurs familles ».

« Judith Perrignon est journaliste, essayiste et romancière. Ils ont écrit ce livre ensemble ».

Date de publication : 1ere publication 2009 aux éditions L’Iconoclaste / Réédition pour la Collection Proche 2022

Ce que ça nous raconte :

Judith Perrignon se glisse dans la parole de Garouste pour en faire rejaillir son histoire.
Celle d’un fils qui peine à aimer son « salopard » de père, celle d’un peintre, en devenir et reconnu mais toujours habité par les doutes et angoisses. Puis celle d’un homme se cherchant dans le judaïsme, déconstruisant des préceptes éducatifs et au milieu de tout cela sombrant, par épisode, dans la folie.

On retrouve les mots de Garouste et de son entourage à travers des phrases mises en italique au style direct. Parfois le discours indirect libre s’invite dans la narration plongeant le lecteur dans les pensées du personnage, Garouste. Au fil de la lecture, on oublie que le texte est écrit à quatre mains. Celles de Judith Perrignon s’effacent pour laisser entendre à pleine puissance la voix de Garouste.

La force de ce texte réside dans la construction fine et sensible réalisée par la biographe pour donner à voir toute la complexité d’un homme trop souvent incompris par son entourage. Et cela en à peine 200 pages. Quel brio !

Le livre s’ouvre sur le décès du paternel, et à partir de cet événement Judith Pérignon parvient à nous faire traverser l’enfance, le peintre en puissance, la folie, le mari, le père, l’homme de conviction et d’action. Elle n’a pas fait le portrait de Garouste, mais a peint une grande fresque pour nous relater les détours et tourments d’un enfant devenu homme.